Le périple de Chaya
Baoummmmmm ! le bruit d'une bombe retentit une fois ! de plus dans les rues de Kaboul, la capitale de l'Afghanistan. Les habitants se réveillèrent en sursaut. Toute collante de sueur Chaya, une jeune Afghane de seize ans, courut à la fenêtre. Elle savait qu'une grenade venait d'exploser mais elle voulait voir où elle était tombée. A son grand désespoir, , ! cet engin terrible avait atterri assez près de chez elle. Son pays était en guerre depuis longtemps, trop longtemps. Certains vivaient dans des camps de réfugiés, d'autres fuyaient vers les nations environnantes et des gens qui ne pouvaient faire ni l'un ni l'autre étaient obligés de rester là et vivaient dans la peur.
La jeune fille allait retourner dans son modeste lit quand son ! frère, Ismat, qui était âgé de douze ans, apparut dans l'embrasure de la porte. Il avait des cernes sous les yeux et il avait l'air inquiet. Il lui demanda d'un voix tremblante:
- As-tu entendu ce bruit ?
- Bien sûr. C'est impossible de ne pas l'entendre, lui répondit sa sœur, tendue.
- Crois-tu que..., mais il n'eut pas le temps de finir sa phrase, un nouvelle bombe venait de s'écraser sur Kaboul. Les deux enfants se blottirent l'un contre l'autre. Ismat pleurait. Chaya essaya de le rassurer mais ses efforts furent vains. Peu à peu, le bruit cessa. L'adolescente tourna la tête vers la porte et vit sa mère, Awa, qui arrivait en courant, tenant dans ses bras son plus jeune fils, Ahmad âgé de neuf mois. Leur père, Sad, qui la suivait, apparut sa fille cadette, Kaylyn de six ans, à la main. L'aîné, Mahdi qui avait vingt ans, était aussi là. Awa prit la parole d'un air grave:
- Les enfants, nous devons partir de notre pays. C'est trop dangereux pour nous.
- Comment allons-nous faire ? demanda Chaya
- Nous allons embarquer dans un avion clandestinement, lui répondit son papa.
- Préparez un petit baluchon. Ismat et Chaya, nous avons déjà fait les nôtres, poursuivit-il
- Et dépêchez-vous, ajouta leur maman.
- Mais des soldats entourent l'aérodrome, c'est interdit de partir et en plus on risquerait de se faire tuer, protesta la jeune fille.
- Écoutez, c'est le seul moyen pour quitter notre nation. Soit nous restons ici et nous risquons à chaque seconde de nous faire tuer soit nous partons en Chine, lui expliqua sa mère.
- En Chine ?! Mais là-bas il faudra trouver une maison et nous n'avons pas d'argent. C'est impossible, on n'a même pas de quoi se payer les billets, s'exclama l'ado, surprise.
- J'ai un cousin qui y habite. Je lui ai téléphoné pour lui demander de nous héberger, le temps de trouver du travail et avoir de quoi louer un petit appartement. Il a dit oui. Comprends que c'est une chance, ne fais pas d'histoire et viens. C'est notre seul espoir, dit Sad.
- Vous avez raison, nous serons bien mieux dans ce grand pays. Je vais préparer mes bagages, se décide Chaya.
Deux minutes plus tard, ils étaient prêts. La famille quitta son domicile pour se rendre à l'aéroport au péril de leurs vies. Ce ne fut pas facile d'y parvenir. Des hommes armés contrôlaient presque toutes les rues de Kaboul. Heureusement, certaines n'étaient pas surveillées et ils ne se firent pas voir. Quand ils arrivèrent à l'aéroport, l'endroit était entouré d'un mur haut de trois mètres cinquante et au sommet, il y avait des fils barbelés.
- Nous n’arriverons jamais à l'escalader, nous sommes perdus, se lamenta Ismat.
- Chut, quelqu'un vient. Cachons-nous derrière ce rocher, murmura Mahdi.
En effet, à peine s'étaient-ils cachés qu'un garde ouvrit une porte dans le rempart. Il sortit, regarda autour de lui et se mit à marcher en direction d'un petit bureau. Bientôt il disparut au détour d'un chemin.
- Ce qu'il est naïf, commenta Chaya.
- L'heureux hasard se tourne vers nous. Entrons avant qu'il ne revienne, dit Mahdi
Dans la base, il n'y avait pas de soldats. La petite Kaylyn s'écria soudain:
- Regardez cette porte là-bas !
Sa mère allait répondre quand des bruits de pas lourds se rapprochèrent. Le garde revenait.
- Allons y, chuchota t-elle.
Ils se précipitèrent vers le portillon qui, par chance n'était pas fermé à clef. Dans l'aéroport, les panneaux d'indication n'étaient pas allumés et une épaisse couche de poussière les recouvraient. Sur le sol, il y avait des traces de boue (qui devait être sous les chaussures des militaires). Il y avait aussi une horloge qui indiquait six heures quarante.
- Venez voir, il y a un plan du bâtiment ici, lança soudain Chaya qui c'était déplacée jusqu'à lui.
Le reste de la famille la rejoignit
- Voici l'endroit où notre avion doit décoller, dit leur maman en montrant du doigt un point rouge
- Alors, on doit continuer tout droit pendant cinquante mètre puis tourner à gauche, passer part la salle des machines et enfin se diriger vers l'embarcation de marchandise, étudia leur père
- L'embarcation de marchandises ?, s'étonna Ismat
- Oui, nous allons voyager clandestinement, dans le "coffre de l'avion". Il n'y a pas d'autre moyen,lui expliqua Awa
- Quand part-il ?, demanda Mahdi
- A sept heures précises, répondit Sad
- Nous ferions bien de nous dépêcher, il quittera Kaboul dans vingt minutes, dit Chaya
Ils se mirent en route et à six heures cinquante neuf ils arrivèrent au bon endroit. C'était une grande pièce où s'empilaient de grosses boîtes.
- Attention, des soldats, murmura Mahdi, cachons-nous.
Effectivement, des hommes armés de mitraillettes étaient postés devant le zinc et surveillaient de près les cartons que des employés embarquaient.
- Comment allons-nous monter dans l'appareil ? demanda Kaylyn
- Je ne sais pas, gémit Chaya, nous devrions essayer de faire diversion ?
- Bonne idée, mais comment ? se tourmenta Ismat.
- Les enfants, voilà ce que nous allons entreprendre: vous allez tous vous dissimuler derrière ce camion de livreur. Moi, je vais casser ce pot. Ensuite les militaires vont accourir dans ma direction. Vous en profiterez pour monter à bord de l'avion, leur expliqua Sad.
- Mais toi alors ? dit Mahdi.
- Je me faufilerai derrière la camionnette puis je vous rejoindrai, dit le père de famille, faites ce que je vous ai dit et tout ira bien, leur assura-t-il en prenant le vase.
Les livreurs avaient fini leur travail et ils partirent dans d'autres endroits de l'aéroport avec leurs marchandises. Il attendit que sa descendance se soit cachée et il jeta par terre le bol. Il ne fut pas déçu par la réaction des soldats. Ceux-ci se retournèrent d'un bloc et Sad eu juste le temps de disparaître derrière le véhicule de livraison. Le chef de l'armée lança:
- La moitié vient avec moi regarder ce qui se passe et l'autre va voir dans la salle d'à côté.
- A vos ordres capitaine, répondirent les intéressés.
Ils s'éparpillèrent comme leur dirigeant avait dit. La voie était libre et tout le monde courut vers l'appareil qui devait leur leur permettant de quitter l'Afghanistan. Les gardes se rendirentcompte qu'il n'y avait rien, ni personne qui était présent dans l'établissement. Ils trouvèrent juste les morceaux de mosaïque répandus sur le sol.
- Revenez dans la halle de livraison, ordonna-t'il au hommes qui l'accompagnaient.
Il répéta la même phrase dans son Talkie- Walkie puis ils se mirent à courir en direction du lieu indiqué. La famille Saidi était presque au complet dans le zinc. Cependant, Kaylyn n'arrivait pas à monter à bord. Chaya entendit les hommes de garde approcher.
- Vite, dépêche-toi ils arrivent ! lui dit sa grande sœur
- Je n'arrive pas à monter ! gémit la petite fille.
Mahdi réussit à la hisser à bord une seconde avant que l'armée de protection arrive. Le chef ordonna à son équipe de se mettre au garde à vous pour laisser passer un homme légèrement chauve, ce devait être le pilote. Celui-ci monta dans l'appareil et enclencha les moteurs. Il dirigea l'avion sur la piste de décollage. Le zinc émit un vrombissement et se mit à prendre de la vitesse. Quelques instants plus tard, il survolait déjà Kaboul.
- Nous avons réussi ! dit Ismat.
- Bravo à tous, les félicita leur père
- Maintenant, il faut attendre que l'avion atteigne la Chine. Espérons que nous ne nous ferions pas voir pour sortir de l'aéroport. Il reste tellement de choses à accomplir, soupira Chaya.
Le voyage dura environ sept heures. Enfin, ils sont arrivés.
- Changeons vite de cachette, nous risquons de nous faire voir quand ils déplacerons les paquets, dit Mahdi.
- C'est vrai, paniqua Chaya, comment allons-nous faire ?
A ce moment même le bruit d'un véhicule retentit. Les déchargeurs arrivaient. C'était trop tard, ils ouvrirent le coffre de l'avion et commencèrent à décharger l'appareil de tous ses paquets. Par chance, il n'y avait plus de place pour d'autres marchandises dans la camionnette de transport et les employés durent repartir. La famille courut vers le mur qui les empêchait de sortir de l'enceinte. Heureusement, il était moins surveillé que celui d'Afghanistan et la porte était ouverte. Une fois dehors, ils cherchèrent un plan de la ville.
- Il y en a un là, dit Kaylyn.
Les parents étudièrent longuement la carte de Shanghai, cherchant du regard la bonne rue. Soudain Awa s'écria:
- Je l'ai trouvée !
- Super ! allons-y, s'enthousiasma Ismat.
Comme l'appartement de leur cousin se situait loin d'eux, ils durent utiliser le peu d'argent qu'ils avaient pour prendre le métro. Ils étaient surpris de voir que là aussi, il y avait des gens dans les rues. Ensuite, ils marchèrent rapidement vers leur destination.
- Je crois que c'est ici, dit Chaya.
- Oui, juste. Nous somme bien dans le rue de Nankin et le numéro de plaque est le douze. Ils pénétrèrent dans l'immeuble et empruntèrent l'ascenseur, pour aller au quatrième étage. Lorsqu'ils se trouvèrent devant la porte, Sad sonna deux coup et attendit. Un homme au cheveux noirs et à la peau bronzée leur ouvrit.
- Sad, quel plaisir de te revoir ta famille et toi ! s'exclama-t-il.
- Moi aussi je suis ravi de te voir enfin ! Merci beaucoup de bien vouloir nous héberger, le remercia, t-il.
- Mais de rien. Entrez donc.
L'intérieur était joliment aménagé. Après de joyeuses retrouvailles avec leurs cousines et leur tente, Lai leur fit visiter son appartement. C'est ainsi que Sad, Awa, Mahdi, Chaya, Ismat, Kaylyn et Ahmad commencèrent une nouvelle vie. Bien plus heureuse.
Fin