Depuis 1991, l’école de Planzette a entrepris de réformer ses pratiques pédagogiques en vue d’améliorer la qualité de l’enseignement. Un projet intitulé « Décloisonnement » a été déposé. L’idée-force consistait à mettre en œuvre de nouvelles solutions permettant à chaque élève d’atteindre son meilleur niveau.
Les innovations entreprises portent sur trois volets :
- L’évaluation : un système d’évaluation par objectifs a été mis au point. Chaque élève reçoit périodiquement (chaque mois) un bilan qui l’informe de tous les objectifs des plans d’études qu’il maîtrise ou non. La référence à une valeur chiffrée a été maintenue : il s’agit simplement du pourcentage d’objectifs maîtrisés. Ainsi, les parents savent parfaitement où en est leur enfant : par exemple, 80% pourcent d’objectifs maîtrisés correspond à un bon niveau.
A noter que le nom du logiciel utilisé pour gérer cette évaluation par objectif : « Evalog », a fini par désigner le projet lui-même.
- La différenciation : ces bilans d’évaluation mettent en évidence les besoins différents de chaque élève. Ignorer ces différences conduit inévitablement une partie des élèves à l’échec, alors que, revenir inlassablement sur les lacunes de certains finit par lasser et démotiver les plus rapides. Dès lors, des dispositifs de travail en atelier ont été instaurés, durant lesquels, chacun peut avancer à son rythme, et travailler soit sur des objectifs non atteints, ou en fonction de ses intérêts particuliers.
- Les ICT (Technologies de l’Information et de la Communication) anciennement EAO (Enseignement et Apprentissage avec l’Ordinateur ): ont rendu possible ce qui précède en fournissant les moyens de gérer la différenciation. L’informatique a donc été mise à contribution depuis les années quatre-vingts. Quelques exemples d’utilisation:
- Gérer : les évaluations, les plans de travail, l’organisation des ateliers, la coordination des projets.
- Apprendre : utilisation de didacticiels, apprentissage en ligne, préparation des leçons sur le site de l’école,
- Réaliser : rédiger ses textes, recherche d’information et de documents, préparer ses exposés, intégrer du son,
- Communiquer : entre élèves, avec les parents, avec d’autres classes, publier les réalisations, transférer ses données de l’école à la maison.
Comme on le voit, dès le départ, le projet allait bien plus loin que, comme on l’a dit de manière simpliste, « la suppression des notes ». Trois rapports ont été déposés par les enseignants impliqués dans le projet (1991-1997-1998).
Parmi les observations, on relève une baisse de l’échec scolaire, une élévation des compétences des élèves avancés, une capacité du système à intégrer tant les élèves en difficulté que des élèves spécialement doués, une impressionnante maîtrise de l’outil informatique par les élèves, des marques d’autonomie, de prise d’initiative et de responsabilisation, des réalisations d’élèves relativement ambitieuses, des attitudes d’entraide alors que paradoxalement l’esprit de compétition demeure, une tolérance significative entre élèves, notamment face au handicap ; alors que dans le même temps un contexte de violences et d’incivilité est relevé un peu partout, cela n’a pas du tout été le cas jusqu’à présent à Planzette.
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L’expérimentation conduite à Planzette a fait l’objet de nombreuses enquêtes et expertises qui ont débouché en 1998 sur une officialisation de la part du Département.
Dans le même temps, les tentatives de réforme de l’évaluation scolaire
se sont heurtées à de fortes résistances (Vaud, Genève). Toucher à l’évaluation s’est révélé politiquement risqué et depuis, le sujet s’est tabouisé. Planzette continue donc sur sa lancée dans une espèce d’indifférence de circonstance. Les derniers développement portent sur les plateformes éducatives, en l’occurrence, le CMS
Zwook qui promet de larges exploitations pédagogiques.