« Ensuite ils ont demandé un volontaire. C'est juste à ce moment-là que j'ai vu un camarade d'école en face de moi, de l'autre côté de la piste. Il me faisait de grands signes. J'ai levé le bras pour lui répondre et ils ont cru que je voulais venir! Ils m'ont mis une cigarette de papier dans les oreilles. Une dans chaque. Clac! Clac! De quoi vous rendre sourd. Les gens applaudissaient. Et ils riaient aussi. Sans doute à cause de mon air ahuri. Et puis tout à coup j'ai entendu « ooOOOooh! » Ça faisait comme une vague dans les gradins... L'assistante s'est aussitôt évanouie et quelques spectatrices aussi.J'ai senti quelque chose de tiède qui dégoulinait dans mon cou. J'ai passé la main. C'était mon sang. Alors j'ai compris. J'ai regardé par terre et j'ai vu mon oreille, là, dans la sciure... J'ai oublié la suite. Je me revois transporté dans des bras étrangers. Je revois des gens très flous qui me tiennent les mains. Je revois surtout ma mère qui pleure et mon père qui lève les bras au ciel :
– Ah, ce gamin! Ce gamin!

Voilà comment je l'ai perdue, mon oreille. Ça vous évitera d'avoir à le demander la prochaine fois... »

Mon histoire

L'homme à l'oreille coupée

" Le lendemain...

J'avais vingt-cinq ans depuis deux semaines et j'étais stagiaire. Je voulais devenir bûcheron. Mais je n'étais pas très très malin, ni très intelligent. Je ne réfléchissais jamais avant de faire quoi que ce soit. Donc, je n'étais pas sûr de réussir mon examen. En tout cas, je me souvenais d'une chose que notre patron nous avais dit :
- Nous ne faisons pas de mal aux arbres et encore moins à ce qui les entoure. Nous prenons seulement ce que nous avons besoin.

Peut-être que grâce à ça, je pouvais le réussir cet examen, parce que je n'avais pas écouté grand chose.

Un jour, j'étais parti en forêt avec la personne qui devait m'instruire.
- Alors, mets-toi de côté et regarde comment couper un arbre , vite fait bien fait et sans trop de difficulté.
- Oui monsieur!
Je m'étais mis de côté pour le regarder. Mais tout à coup, j'ai vu une famille de lièvres. Je m'étais mis à quatre pattes pour ne pas les effrayer. J'avançais doucement sans me préoccuper de ce qui ce passait autour de moi...
"ET PAF!" le bûcheron ne m avait pas vu à quatre pattes. Mon oreille par terre..."

Et voilà comment je l'est perdu cette oreille.