« Ensuite ils ont demandé un volontaire. C'est juste à ce moment-là que j'ai vu un camarade d'école en face de moi, de l'autre côté de la piste. Il me faisait de grands signes. J'ai levé le bras pour lui répondre et ils ont cru que je voulais venir! Ils m'ont mis une cigarette de papier dans les oreilles. Une dans chaque. Clac! Clac! De quoi vous rendre sourd. Les gens applaudissaient. Et ils riaient aussi. Sans doute à cause de mon air ahuri. Et puis tout à coup j'ai entendu « ooOOOooh! » Ça faisait comme une vague dans les gradins... L'assistante s'est aussitôt évanouie et quelques spectatrices aussi.J'ai senti quelque chose de tiède qui dégoulinait dans mon cou. J'ai passé la main. C'était mon sang. Alors j'ai compris. J'ai regardé par terre et j'ai vu mon oreille, là, dans la sciure... J'ai oublié la suite. Je me revois transporté dans des bras étrangers. Je revois des gens très flous qui me tiennent les mains. Je revois surtout ma mère qui pleure et mon père qui lève les bras au ciel :
– Ah, ce gamin! Ce gamin!
Voilà comment je l'ai perdue, mon oreille. Ça vous évitera d'avoir à le demander la prochaine fois... »
Mon histoire
L'homme à l'oreille coupée
"J'avais fêté mes dix ans et j'avais reçu un tas de bonbons. Mais j'avais fait de grosses bêtises. Alors, ma mère avait mis mes bonbons à un endroit où je ne pouvais pas les attraper. Comme je les voulais, j'ai fait une tour avec des chaises et je l'ai escaladée. Je suis arrivé au sommet et j'ai attrapé mes sucreries. Quand ma mère est arrivée dans la cuisine, elle m'avait fait peur et j'ai sursauté. Les chaises sont tombées. Mes bonbons allaient tellement vite qu'il sont tombés sur mon oreille et l'ont sectionnée.
- Comment vas tu? Demanda ma mère
- Aoh, Aoh, Aoh, j'ai mal à mon oreille.
- Viens ici on va aller à l'hôpital. Dit ma mère.
- Bonjour. Dit mon père quand il entra.
- Bonjour papa.
- Ça va fiston? Demanda mon père.
- Non, j'ai très mal.
- Va dans la voiture. Ordonna mon père.
- D'accord! J' y vais tout de suite.
- Tu veux venir avec nous? Demanda mon père à ma mère.
- Oui."
Voilà comment mon oreille a été coupée. Maintenant lâchez moi les baskets.
Keryann